Actualité > Que devient LézArts Humanitaire 2010

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Cette année, c’est le village de Inagoungour qui a reçu l’équipe de Lézarts Humanitaire.
La construction de l’école prévue l’année passée avait été reportée pour des raisons sécuritaires.

En effet, cette zone habitée essentiellement par des touaregs subissait, d’après les autorités, l’influence de la rébellion et, par là même, nous courions des risques d’enlèvement.
Depuis, les rebelles ont signé un accord avec le gouvernement et les choses se sont calmées.
Nous aurions pu penser que le danger était écarté, mais hélas les autorités locales (préfecture et mairie) restaient inquiètes.
Cette année, le Niger a connu plusieurs enlèvements dus aux milices d’Al Kaïda et la zone nord où nous devons travailler n’est pas très sure.

Monsieur le préfet souhaitait que l’on se fasse escorter et que l’on reste sous la protection de la gendarmerie pendant les travaux (à nos frais, 11 euros/jour par personne). La municipalité, quant à elle, préconisait de faire les travaux avec l’équipe nigérienne et que nous restions à Abalak, entrecoupant notre séjour de brèves visites sur le chantier en utilisant des itinéraires différents.

Après réflexion, la décision de construire l’école a été prise : pas d’escorte et une présence discontinue sur le terrain. L’équipe de maçons avec à sa tête Boubacar est bien rodée (déjà 6 ans que nous travaillons ensemble) et comme je souhaitais leur confier plus de responsabilités, l’occasion était toute trouvée.

Après avoir signé le protocole et engagé quatre personnes dans le village, début janvier ce sont 13 personnes qui ont commencé le travail.

Cinq semaines plus tard, la construction était terminée et les enfants qui occupaient le local de la banque céréalière pouvaient effectuer leur déménagement.

Pendant tout ce temps, nous n’avons rencontré aucun problème, malgré un coup d’état ayant eu lieu en février, mais pas d’inquiétude non plus.

L’équipe

Notre équipe, cette année, était composée de 5 personnes : Anne-Marie, notre infirmière, Franck, notre nouveau secrétaire (photo, électricité, mécanique etc..) Solenne (caméra, santé) et moi même. Aurore nous a rejoint sur la fin.

L’infirmerie

A notre arrivée à Niamey, Solenne et Anne-Marie ont acheté pour 600 euros de médicaments qui sont venus compléter ceux emportés dans nos bagages. Tout ceci a permis de pratiquer plus de 15OO consultations grâce aussi à la complicité de Mohamed, notre interprète. Encore merci pour cet énorme travail, sans compter que c’était ton premier séjour en Afrique et que tes moments de liberté tu les as mis à la disponibilité de l’hôpital d’Abalak.

Visite d’écoles

A proximité d’Inagoungour, plusieurs écoles en paille ont été construites ces dernières années.
Les chefs de village accompagnés des instituteurs n’ont pas manqué de solliciter une construction.
Au cours de nos visites, nous avons aussi remarqué qu’aucun puits profond n’existait (généralement entre 80 et 100m). Les habitants puisent leur eau dans des bas fonds appelés agoras.

Le puits est d’une dizaine de mètres de profondeur, ce qui est le seul avantage car ces puits ne fournissent pas une eau de bonne qualité et avec l’assèchement du Sahel, ils ne sont pas pourvus en eau toute l’année, ce qui contraint femmes et enfants accompagnés des ânes à une corvée d’eau
des plus fastidieuses. Ceci nous a obligé, pendant toute la durée du chantier, à faire plus de 40 km A/R tous les 2 jours pour chercher nos 250L d’eau de boisson et de cuisine.

Suivi des projets antérieurs

Profitant de la disponibilité du véhicule pendant quelques jours, nous avons commencé une visite des différents sites sur lesquels LH a construit des écoles et mis en place des activités.
Après une visite auprès de l’inspecteur d’académie qui nous a confirmé que tous les instituteurs avaient reçu une affectation différente, suite aux grèves de l’année passée, nous nous demandions où en était le travail d’accompagnement déjà engagé (voir Que devient le LéZarts Humanitaire 2008-2009).

Par la suite, nous avons pu constater que certains instituteurs sont partis en emportant une partie des manuels, que l’aide apportée pour l’achat des motos profitera ailleurs, etc… mais je ne m’étendrai pas sur le sujet.
L’inspecteur a aussi constaté que nous n’avions pas reçu un témoignage de satisfaction, diplôme délivré par l’état pour toute personne ou association qui s’investit bénévolement dans l’aide au développement (nous attendons !).

Le village de DILAFATA :

Le village rencontre de grosses difficultés cette année. La saison de pluies n’a apporté aucune goutte d’eau, pas un poil d’herbe sur des milliers d’hectares. Les familles ont migré au nord où les pluies ont été plus abondantes voire même dévastatrices surtout à Agadez où la partie basse de la ville a été emportée suite à la rupture d’une digue.
Deux autres malheurs sont venus frapper le village: la perte d’un ami Barti, secrétaire de L’ONG Aourindé avec laquelle nous travaillons et un des instigateurs de la sédentarisation à Dilafata et aussi la mort du troupeau de Odi, représentant du village, composé d’une soixantaine de têtes empoisonnées par l’eau du puits polluée par un animal sauvage noyé et dont la présence n’a pas été décelée à temps.

Une année donc difficile et nous nous demandions dans quel état pouvait se trouver l’école.
A notre arrivée, le village était quasiment désert mais, à notre grande surprise, l’école n’a pas perdu d’effectif. Les élèves grandissant, une institutrice a été nommée pour s’occuper des petites classes.
D’autre part, les premiers élèves de CM2 devraient quitter le village à la rentrée de septembre pour rejoindre le collège à Abalak. Il manque maintenant une deuxième salle de classe.

Un souci pour nous, les constructeurs, sont les termites.
Impossible de trouver du bois traité ni même un produit à pulvériser.
Nous avons donc décidé, et c’est Franck qui s’en est chargé, de venir de France avec le produit.
Aurore s’est chargée d’apporter le pulvérisateur. Les attaques étaient déjà visibles mais nous avons pu traiter tous les plafonnages des bâtiments construits jusqu’à présent.

Tatis

Rencontre avec le nouvel instituteur, pas satisfait de l’aide que lui apporte la population (eau mais surtout bois de cuisine). Une deuxième institutrice a été nommée pour s’occuper des petites classes. Manque maintenant, une salle de classe comme à Dilafata.
De nouvelles maisons sont apparues (voir Que devient le LéZarts Humanitaire 2009).
Situé à une quinzaine de Km de Dilafata, le village de Tatis a reçu suffisamment de pluie pour faire pousser l’herbe. L’année passée, nous avions déjà conforté la coopérative des femmes, cette année nous avons renouvelé notre don (75 euros).

Tagayet

Village d’où est parti le projet (voir Que devient le LéZarts Humanitaire 2005-2006-2007) : nous y sommes très attachés.
Rencontre avec les villageois et les membres de l’ ONG Aourindé qui nous expriment leurs grosses difficultés causées par l’absence de pluie. Tous les gros animaux sont remontés vers le nord.
Deux nouveaux instituteurs ont été nommés, le directeur m’assure que les premiers élèves de CM2, selon leurs résultats en juin, partiront au collège à Abalak pour la rentrée.
Une très bonne nouvelle mais aussi un nouveau souci pour le suite. Les collèges ne disposent pas d’internat et pas de pied-à-terre pour les familles peuls (une situation nouvelle que nous avons décidé d’entrevoir avec les parents).

Quelques travaux sont venus compléter notre visite à Tagayet : la rénovation de deux tableaux.
Nous sommes passés du bois au béton, avons posé des panneaux directionnels ainsi que réalisé le traitement des plafonnages. Des livres pour un montant de 100 euros ont été achetés ainsi qu’une charrette, pour un montant de 140 euros, qui doit permettre aux femmes d’aller chercher le bois nécessaire à la cuisine de plus en plus loin.

Encore un nouveau problème depuis l’assemblée générale de 2008 : de gros besoins pour la manifestation, la sédentarisation, la déforestation qui s’accélère et la présence de la ville qui puise dans la campagne sans compter.

La coopérative féminine

L’année passée 29 chèvres adultes et 2 petits avaient été achetés pour la coop (voir Que devient le LéZarts Humanitaire 2009).
Pour la première fois, grâce au travail de son nouveau secrétaire, Daradja, qui est aussi notre interprète, un compte rendu détaillé a pu être présenté.
Malgré la perte de quelques animaux, la coop compte 41 chèvres adultes.

Une nouvelle construction

Depuis notre arrivée à Abalak en 2003, nous ne disposions pas d’un pied-à-terre en ville.
Devant ce fait et l’importance que prend notre activité dans la région, un ami touareg, Abdoul Moumouni a décidé de nous faire don d’un terrain constructible d’environ 900m2 à Abalak : une occasion que nous n’avons pas manqué d’accepter. Sitôt l’école de Inagoungour terminée nous avons rapatrié notre équipe et notre matériel sur les lieux de la nouvelle construction.
Ces dimensions (15m x 6m) permettront le stockage du matériel et de notre véhicule lors de nos absences.
Une maison d’habitation sera construite lors de notre prochain séjour. Les plans sont à l’étude.

Le jardin

Le terrain où se trouve notre nouveau bâtiment fait partie d’une pièce de plusieurs hectares.
Situé dans la partie basse de la ville, c’est là que se fait la fabrication de briques en terre crue utilisées pour les constructions. L’eau y est présente une bonne partie de l’année et à une profondeur avoisinant les 15 m maximum. Depuis le début du projet, nous pensons qu’il ne peut y avoir de sédentarisation sans développement économique. Le maraîchage est un axe à développer et cet endroit dispose d’un terrain capable de recevoir des jardins.
Les jardins tropicaux améliorés : forts de ces constats, avec l’aide d’une ONG installée à Niamey et aussi dans une grande partie de l’Afrique de l’ouest, nous avons organisé un stage de formation à la technique dite du Jardin Tropical Amélioré (J TS).
Ces stages ont bénéficié à près de 15 personnes.
Nous développerons ces jardins lors de notre prochain séjour.

Les projets

Lors de nos différentes visites d’écoles, nous sommes allés à Doubangel. La demande de construction d’une classe remonte à maintenant près de 3 ans.
A ce jour, ce sont plus de 60 enfants qui fréquentent la paillote. Nous envisageons de construire un bâtiment capable de contenir deux classes.

Une maison d’habitation à Abalak pour les membres de l’association.
Mettre en place des jardins et poser des clôtures pour se protéger des animaux.
Forcer deux puits maraichers à Abalak.
Tous ces travaux vont nécessiter un peu plus d’argent que d’habitude aussi nous comptons encore cette année sur votre générosité. De notre côté, l’association organisera comme d’habitude son festival le 28 août au château de Faverolles (52), nous serons aussi présents à la Fête de l’Humanité en septembre à Paris ainsi que d’autres sorties.