Actualité > Que devient LézArts Humanitaire 2012

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Les visites effectuées en décembre 2011 au Niger, principalement dans la région d’Abalak, par l’ONG LézArts Humanitaire, sur les sites de Tagayet et Inagoungour se sont avérées fort utiles. L’année passée, l’ONG n’avait pas pu se rendre sur place (voir QDLH 2011) pour des raisons d’insécurité. Cette année, les problèmes sont loin d’être réglés mais l’accueil que nous ont réservé nos amis et les enfants, nous ont fait oublier ces soucis.

Le collège Tanat à Abalak

La visite a commencé par le collège d’Abalak. Devant les problèmes récurrents de grève et autres rencontrés l’année passée et aussi depuis la rentrée (2 jours d’école, 3 jours de grève), les parents et nous-mêmes avons décidé d’inscrire les enfants dont nous nous occupons, dans le collège privé Tanat, récemment ouvert. Les frais d’inscription sont bien sûrs plus élevés (85 000 FCFA* par enfant par année, mais les livres sont fournis et nous avons la quasi certitude qu’ils recevront un enseignement complet. Actuellement, ce sont 12 enfants (7 en 5ème et 5 en 6ème) qui fréquentent le collège.

Il est géré par l’association nigérienne ONODEP dont le Président est le Maire d’Abalak, en partenariat avec l’association TANAT, en France. (www.associationtanat.fr).

Les élèves reçoivent aussi un cours d’une heure par semaine d’initiation à l’informatique.

Devant le manque de moyens des parents, nous avons décidé de prendre en charge la quasi-totalité des frais relatifs à la scolarisation des enfants. Restent à leur charge une partie des frais de nourriture, comme le petit-déjeuner, la fourniture du bois pour la cuisine et l’eau de boisson.
Nous prenons en charge la location d’une maison pour l’hébergement, l’électricité, le salaire d’un instituteur pour un appui scolaire le soir et l’achat de matelas et couvertures.

Nous avons aussi doté les élèves d’un téléphone portable (0022797577128), n’hésitez pas à les appeler après 16h ou le week-end !

Les enfants et les parents nous ont largement remerciés pour l’aide que nous leur apportons. Nous avons étudié les besoins nécessaires pour finir l’année scolaire 2012 et déposé une somme de 1 410 000 FCFA* sur le compte de l’école, ouvert à la BIA de Tahoua.
Ils nous rapporteront les justificatifs des dépenses. Cette somme est destinée aux collégiens et aux 4 classes de brousse ainsi que pour satisfaire des demandes de parents d’élèves qui souhaitent acquérir une charrue, une brouette, et divers outils de jardinage.

Les autres visites

Sur les quatre sites où nous avons construit des écoles : Tagayet, Dilafata, Tatis, Inagoungour, deux seulement ont pu recevoir notre visite, pour les raisons suivantes :
La première est sécuritaire : en effet, le Préfet d’Abalak a souhaité que nous soyons escortés par des hommes armés pour assurer notre protection. Nous avons pu négocier la présence de 2 personnes afin de nous rendre à Tagayet et Inagoungour.
La deuxième : nous étions en période de vacances scolaires et les écoles de Tatis et Dilafata étaient fermées.
Nous avons, par contre, invité les représentants des COGES (Comité de Gestion), les instituteurs, ainsi que les chefs des villages à nous rencontrer à Abalak et nous avons pu écouter leurs doléances.

Tagayet

L’école, qui dispose de deux enseignants, a vu la nomination d’un nouveau directeur (le 3ème en 7 ans). Ceux-ci nous ont fait part de leurs besoins :

  • pétrole lampant pour assurer les cours du soir : 53000 FCFA* (l’école est équipée d’un panneau solaire pour lequel nous avons racheté une batterie, mais sommes dans l’attente de trouver une personne pour assurer la remise en état),
  • soutien pour la fête de fin d’année,
  • grillage pour la protection d’arbres plantés dans l’école,
  • protège-cahiers (52800 FCFA*),
  • échafaudage pour rénover des enduits.

Montant global : 117 900 FCFA *

Il manque un instituteur mais comme les classes de CM1 et CM2 ne sont pas surchargées le directeur prend en charge les 4 classes (30 élèves).

En marge, nous avons organisé une réunion avec la coopérative féminine pour faire le point sur son troupeau de chèvres. A ce jour, en comptabilisant les deux actions menées (voir QDLH 2006 et 2009), la coopérative compte 92 chèvres. Au départ, elles n’étaient qu’une cinquantaine. Malgré des années difficiles, les chiffres sont en augmentation.

### Inagoungour

Nous avons acheté du petit matériel (pétrole lampant plus lampe et ballon de football) pour 50 000 FCFA. Nous avons été sollicités pour remettre en état les deux puits endommagés pour un montant d’environ 2 millions FCFA.
Nous avons suggéré aux villageois de faire dans un premier temps une cotisation et, en fonction, LH pourra participer si la somme n’est pas trop importante.
Actuellement, il n’y a que 10 enfants qui fréquentent l’école.
L’ONG a fait remarquer que c’était peu, les parents disent qu’ils vont faire un effort pour les envoyer plus souvent !

Dilafata

Nous participerons à la rénovation de l’enduit extérieur de l’école. Nous testerons l’enduit cimenté sur banco avec accroche sur fil de fer : 200 000 FCFA*.

Tatis

Nous avons acheté des lampes et du pétrole.
Une deuxième classe est souhaitée car actuellement plus de 70 enfants fréquentent l’école et une paillote a été rajoutée. (Voir QDLH 2011)
La dernière élection présidentielle a mis à la tête de l’Etat un nouveau président qui s’est dit prêt à relever les défis liés au secteur éducatif et en particulier le manque de classes. Il est prévu la construction de 2500 classes en dur pour remplacer les paillotes et le déblocage de plus de 300 milliards de FCFA sur 3 ans. J’ai largement incité les responsables de Tatis à déposer des dossiers dans ce sens. Nous souhaitons bonne chance au nouveau Président, actuellement les contractuels sont en grève 3 jours par semaine faute de salaires et de promotions.

Nos projets au Niger

Dans les années à venir d’autres enfants venant de la brousse vont regagner Abalak et le collège. On parle aussi de la construction d’un lycée, ce qui fait que pour les plus courageux, la scolarisation à Abalak se tiendra sur 7 années. La construction d’un internat devient un objectif prioritaire.

D’autres groupements nous ont sollicités pour construire des écoles, malheureusement nos moyens et les conditions sécuritaires ne nous permettent pas de satisfaire la totalité des demandes. Nous allons concentrer nos actions sur les quatre écoles déjà construites, sur l’internat à Abalak, et dans la mesure du possible, sur l’accueil des enfants venant des autres villages Wodaabe et souhaitant poursuivre leur scolarité au collège et lycée d’Abalak.

L’internat

Pour envisager la construction prochaine d’un internat à Abalak, LH s’est porté acquéreur de trois parcelles constructibles à 10 mn à pied du collège, d’une surface globale d’environ 3000 m² pour un montant total de 1 800 000 FCFA. A ce jour, un mur d’enceinte en banco est en construction pour un montant de 450 000FCFA.

Nous rénovons également l’enduit du magasin que nous avions construit sur le terrain offert par notre ami Abdoulmoumine (Voir QDLH 2010).
Ce terrain, à proximité de la grande mare d’Abalak, est également situé à 10 mn à pied du futur internat. Il y a deux ans, nous avions expérimenté un jardin tropical amélioré, avec Amidou le jardinier.

L’ONG a repris contact et lui a suggéré de préparer un projet dans lequel se retrouveraient L H, le propriétaire du terrain et les collégiens. Une partie des légumes produits pourra être consommée à la cantine de l’école et nous sommes persuadés que l’apprentissage des techniques de jardinage sera très bénéfique aux enfants.
Le terrain destiné à l’internat étant suffisamment grand, nous pourrons aussi envisager d’y accoler une fermette avec un élevage de chèvres et moutons ainsi que des volailles.
Les enfants sont ravis de ce genre d’initiative!

Le montant global des dépenses de l’année 2011-2012 s’élève à 6 670 000 CFA soit 10160 euros.

LH voudrait en profiter pour remercier les différents donateurs : Partage (Canada), Fondation Baudon (France), LézArts Humanitaire (France), LézArts Humanitaire (Suisse), Association Makaranta (France) et tous les bénévoles et particuliers qui apportent individuellement leur aide physique, morale, et financière pour que ces projets se réalisent.

De la part des parents et des enfants peuls, encore un grand merci.

*un euro : 656FCFA

Le Gabon

Depuis maintenant près d’une dizaine d’année, Patrick Baumann, Président de l’ONG LH, consacre trois mois d’hiver à faire de ‘’l’humanitaire’’. L’année passée, il s’est rendu pour la première fois au Gabon (voir QDLH 2011).
« Je me suis intéressé à la situation des peuples primitifs ou autochtones ou pygmées, l’appellation fait débat, nous les appellerons donc Bakas et Fangs. Deux peuples différents, les Bakas originaires du Cameroun arrivés il y a une centaine d’année, présents en petit nombre au Gabon (un millier environ) et les Fangs beaucoup plus nombreux. Les Bakas sont estimés à environs 50 000 individus répartis entre le Cameroun, Congo et le Gabon.
Les Bakas ’’pygmées’’, peuple nomade de la forêt, sont en voie de sédentarisation.

La présence de Fangs vivants aux abords de la forêt a fait que ces deux ethnies cohabitent depuis un bon moment. Toutefois, certaines personnes ne souhaitent pas quitter leurs lieux de vie habituels, et par là même tourner complètement le dos à leur culture. Ils ont décidé, tout en se rapprochant des villes, de garder une certaine indépendance. C’est le cas du village Fang et Baka de Bitouga, situé au nord du Gabon à la frontière avec le Cameroun.
Ce petit village, habité par une soixantaine de personnes regroupées en quinze familles dont 40 enfants, résiste à l’attrait de la ville.

Ces personnes ne sont pas préparées à aller à la ville. Comme c’est le cas pour les peuls Wodaabe, personne n’a mis les pieds dans une école et n’a bénéficié d’une formation professionnelle. Le peu de parents qui ont envoyé leurs enfants à l’école se sont vite rendu compte que les barrières qui séparaient les ethnies étaient infranchissables, d’où le constat d’échec qui ressurgit aussi sur les adultes. Certains parents, ne se contentant pas de ces constats, ont décidé d’essayer de prendre les choses en main et d’envisager la possibilité de construire des classes, là où leurs enfants pourraient être scolarisés dans de bonnes conditions, en dehors des railleries et moqueries des autres camarades.
Tout ceci est quasiment impossible sans argent, sans aide extérieure et par le fait qu’ils soient illettrés.

L’année passée, je me suis donc rendu à Bitouga pour la première fois, par curiosité, et après la présentation de notre ONG, j’ai vite été sollicité par les villageois pour construire une école. Le village est situé a environ 5km de la ville de Minvoul. Pour se rendre en ville, donc à l’école pour les enfants, il faut remonter la rivière Ntem, sur plus de 500m en pirogue.

Ensuite il faut gravir un mont avec un dénivelé de près de 400m.
Pendant la saison des pluies, le chemin devient beaucoup plus dangereux. Au total1h30 de pirogue et de marche. De plus, les écoles ne disposent pas de cantines.

A mon retour en France, j’avais exposé le problème aux différents membres de l’association. Malgré quelques divergences tout à fait compréhensibles (éparpillement de l’activité, coût, peur de l’abandon du projet au Niger), dans l’ensemble, les membres apportent leur soutien à mon initiative.
Comme il n’est pas dans mon esprit de déshabiller Pierre pour rhabiller Paul, j’ai expliqué que nous devions développer une stratégie qui consiste à trouver de l’argent sans que cela nuise au projet d’Abalak. Tout d’abord la construction se fera avec le maximum de matériaux trouvés sur place (argile, bois), l’absence de route ne permet pas la livraison de beaucoup de marchandises. Le bois, par contre, est disponible à volonté. Les planches, chevrons et autres seront fabriqués directement sur place. Le devis de fourniture extérieur est de 1500 euros (tôles, pointes, petit matériel).

Je viens de passer deux semaines au village pour faire plus ample connaissance. Nous avons élaboré un protocole d’accord où la population est largement sollicitée. Préparation du terrain, transport des matériaux, fabrication des briques, etc. Le coût de la main d’œuvre extérieur s’élève à 1500 euros. Le montant total des travaux comprenant une maison de 40 m² pour l’instituteur, une salle de classe de 60 m² avec mobilier et fournitures scolaires s’élève à 7500 euros.

Je ne désespère pas de trouver des fonds sur place. Avec la participation d’amis gabonais, nous allons préparer des dossiers de subventions, afin de les présenter aux entreprises et fondations locales.
Reste à établir un calendrier pour la réalisation des travaux en fonction des conditions financières, météo, et surtout du projet d’Abalak. Ces travaux devraient durer un mois et demi et seraient prévus fin d’année ou début d’année 2013
De son côté, l’Inspecteur d’Académie a promis qu’il mettrait un instituteur en poste à Bitouga, nous le remercions par avance. »